LE DERNIER FESTIN















 Paru le 11 / 10 / 2018
French Pulp Editions
Collection Angoisse
382 pages
                                                                                                       18 euros

-  Tu me sembles bien songeuse La Plume? Ce Dernier Festin...
-  Etait un pique-nique ? Ricane La Rature.
 -  Pique-nique  ? Non. Je dirai plutôt... Un festin bizarre.
-   Hummm, se contente d'émettre Le Blog.
-  Yesss ! Jubile la perverse en sortant son matos. 
Je soupire longuement.
-  Tu n'as pas l'air d'avoir digéré, tente l'un.
-   Dénonce le menu ! Jubile l'autre.
-  Eh bien... On va dire que ce Dernier Festin m'a laissée... Barbouillée.
-  A ce point ?
-  Ben... Oui.
-  Balance ! Lance La Rature toujours classe.
Je re-soupire, re-longuement.
- Tapotez le fil rouge d’une intrigue sur un clavier, ajoutez-y quelques grammes de fantastique, un zeste de paranormal, une pincée de chamanisme, saupoudrez d'une giclée de L'Enfer vu par Dante, Bosch et consorts,  l’obsession récurrente d’une verticale, genre Echelle de Jacob et toute sa symbolique, mélangez le tout et vous obtiendrez un roman noir d'un genre nouveau. 
-  Nouveau comment ?
-  Ouais ? Comment ? Genre recette ratée ou gastronomique ? 
-  Genre Nouvelle Cuisine. C'est à dire, un roman détective  se situant dans un univers peu conventionnel, certes... Mais dont le mélange cité ci-dessus le transforme en...
-  Bouillasse, clame La Rature.
-   Je ne dirai pas ça comme ceci mais...
-   C'est de la bouillasse ! Confirme-t-elle, en trempant allégrement sa plume dans son encrier écarlate, tout en saisissant la liasse de ses G-A Ratures.
-  Annonce le plat, m'enjoint son pote, converti à la Toque.
-  L'histoire débute par la découverte d’un joggeur. Celle d'un cadavre nu dans une forêt des Alpes françaises. Une femme mariée.  Clarisse. Chris Lanzman, officier de police judiciaire, et amant de la jeune femme, appelé sur les lieux va chercher à découvrir ce qui a bien pu se produire ... Car lui, il sait que Clarisse n'est pas morte là mais ailleurs... Au bord d'une route de montagne. En même temps,  deux autres enquêteurs,  accompagnés d'un médium, tentent d'entrer dans la tête d'un redoutable criminel.
-   Le rapport ? Demande Le Blog qui semble un peu perdu ( Bienvenue au club et il n'en est qu'au début, lui !).
 -   Ouais ! Touille  ! Se marre l'autre, toujours aussi grand chef pas étoilé.
-   On le découvrira au fil de la recette, que je jette ( Restons en cuisine)... Bref. la sauce (Fallait bien  le placer à un moment ou à un autre) prend très bien au début. En effet, l'auteur opte pour un point de vue narratif original... Faire raconter la scène de la découverte de son corps, par la morte elle-même. Je cite : 
  " J'étais froide car j'étais morte depuis déjà cinq jours. Abandonnée au cÅ“ur de cette épaisse forêt, mon corps avait été livré en pâture aux bêtes sauvages qui n'avaient pas perdu de temps pour débusquer mon cadavre [...]". 
Clarisse est morte. Elle ouvre les yeux sur son corps mutilé, entouré par la police scientifique, qui s'affaire sur la scène du crime de son propre meurtre. La jeune femme va vivre ses derniers instants post-mortem dans une bien singulière situation : celle de refaire à l'envers le chemin des heures qui ont précédé sa mort, afin de confondre son propre meurtrier.

-  Atypique ! Tu devrais aimer pourtant ! S'exclame Le Blog.
-  Nous on aime ! Clament des voix inconnues... (  Oh non ! C'est pas vrai ! Dites-moi que je rêve ! Vous y croyez vous ? V'là t'y pas que les lecteurs qui s'étaient immiscés dans la chronique précédente reviennent mettre leur grain de sel dans celle-là ! Ce sont des lecteurs bon sang ! J'en découds déjà assez avec mes deux compères... enfin l'un est celui de l'autre plutôt...  sans en ajouter d'autres ! Non ? Vous voulez y mettre vous aussi votre grain de sel désormais ? Vous en avez le droit ? Ah ? Et de quel droit ? Celui d'être des lecteurs des chroniques !  ... ça se défend, me chuchote Le Blog...  Je prends, ricane La Rature, reniflant de potentiels potes...  Je re-re-soupire re-re-longuement... Que faire ? Pas grand-chose, se marrent les lecteurs... On y est, on y reste !... Alea jacta est, tranche mon pote... )
Bon alors ? On va pas y passer des plombes, s’impatiente la sienne... Le plat de résistance ?
-  D'un côté, on a tous les bons ingrédients pour faire un super thriller original...
-  Ben voyons ! Ricane La Rature. Et de l'autre ?
-  Commençons par les bons ingrédients, genre  Top Chef, propose Le Blog  ( J’ai comme l’impression que lui aussi commence à délirer côté tambouille ).
-   J’ai aimé le début. Son originalité  m’a déstabilisée puis carrément séduite.
 -  Ensuite ?
-   Ben... La fin.
-   La Fin ?
-   Ouaip !  La Fin est... surprenante ! Si surprenante d'ailleurs... Que j'en ai été ... ébahie, stupéfaite… Le bien , le mal chacun en nous...  Surprise quoi ! Honnêtement je ne m'y attendais pas. 
-  C'est à dire ?
-  Elle résolve l’imbroglio.
-   L’imbroglio ?
-   Le sac de nÅ“uds de la narration entre le début et la fin.
-    En clair ?
-   Oufff ! Pfouuuu ! Pfuiiiiit ! Ben… Justement…
-   Crache le morceau ! Qu’est- ce qui a fait tourner la sauce ? Tomber la mayonnaise ?  Couine La Rature, toujours aussi cordon –bleu raté.
Allez OK ! Listons... Enfin essayons... Parce que cet Entre Début et Fin m'a grillé les neurones.
-  Le  montage déstabilisant de l'intrigue  perturbe la lecture, la rendant malaisée, difficile à suivre. Non pas que je sois contre ce type de structuration mais là,  en continu genre vitesse grand V... Besoin d’un décodeur (ou mode d’emploi… C’est comme vous voulez )... Un kaléidoscope de  personnages, de faits, de plongées sans sommation dans des univers  apocalyptiques, fantastiques ou paranormaux ( c’est toujours vous qui choisissez). Le tout se croise, se recroise. La mort de Clarisse est vite résolue. Celle de Lanzman aussi ( Ben oui, c'est pas un scoop ),  pour laisser place à la traque du tueur russe anthropophage. Bref, un  foisonnement  d’ entrées et de sorties de scène … Au point où je ne sais même plus comment rédiger cette chronique tant l'intrigue semble démente. 
-  Va à l’essentiel, suggère mon pote.
-   Ben... Les gentils meurent, les méchants s’en sortent.  Le médium voit et nous on se perd… Toutefois, par moment, le récit revient à un rythme et une cohérence relaxants. On reprend son souffle, malheureusement  vite coupé parce que ça repart en vrille tout aussi sec… A cela ajoutons quelques incohérences genre…  Clarisse  annonce à Chris qu'elle veut refaire sa vie seule or, après on apprend que... hé bien non !  Chris dit qu’ils devaient la finir ensemble… Ensuite, le fil de l’intrigue  reprend onze ans après la mort de la jeune femme, mais il y a un fils caché d’une vingtaine d’années qui surgit… A moins que j’ai raté  quelque chose à un moment donné ou, ne plus rien y avoir compris et vous dire des âneries...   Sauf, une grossière erreur de relecture… page 245,  je cite :
« De l’eau dégoulinait sur le visage de Luka Kassabian. Il frissonna, le regard vissé sur la fosse dans laquelle avait reposé Chris Lanzmann ces dix dernières années. Il consulta le cadran de sa montre et se dirigea sur la tombe profanée…". 
 Or, le mort était le flic chargé de l'enquête du suicide dudit Chris Lanzman c'est-à-dire  Sohan Ordell
-   Ça part en cacahuète ton histoire, se marre la Rature.
-   Tu t’es perdue dans un labyrinthe, sourit l’autre.
-   Et ce, sans fil d'Ariane, m’amusai-je. Je me suis effectivement perdue dans une telle multitude de récits enchâssés, que cela m'a donné l’impression d’une histoire construite de bric et de broc. Toutefois, tout cela devient limpide, et l’on comprend ce parti pris de l’auteur,  lorsqu’on découvre qu' il justifie la fin. Le bouquin refermé, il n’en reste pas moins la sensation  de s’être noyé dans un désordre de faits, d’actions, de personnages, de scènes psychédéliques - au point où je croyais avoir fumé la moquette- Bref, un grand moment de lassitude à cette lecture délirante qui, même si ‘l’on comprend les motivations de l’auteur… à la fin, bien sûr ! Il n’en reste pas moins  que  l'impression que rien n'est  maîtrisé prend le dessus.
-   Donc, ce roman noir ne t’a absolument pas convaincue.
-  Absolument pas.
-   Mais c’est au lecteur de choisir.
-   Re- Absolument. Tout avis est subjectif… Cependant là, j’ avoue avoir eu, pour la première fois, un mal fou à le donner.
 -   Tu n’avais pas le fil d’Ariane ! Glousse Le Blog.
-   Et tu souffrais d’une indigestion, ricane l’autre.
Disons simplement… ben…les deux… Mais c'est dommage car l'idée était des plus originales...Exploitée d'une autre façon.

A bientôt







Aucun commentaire